Groensteen, T. (2007) La bande dessinée mode d’emploi. France: Les Impresions Nouvelles
La continuité avec la poétique propre à l’enfant (celle du «on dirait que…» est, là encore, évidente. L’enfant qui joue n’est-il pas capable de prétendre sérieusement qu’une brindille est un monstre, une bôite d’allumettes un camion, un papier d’embalage un message codé?… «leur langage, quan ils sont entre eux, est infantile, leur comportement typique de petits garçons d’une dizaine d’années; ils ont obtenu, collectivement, un permis de ne pas grandir.» Cette permission-là, nombre d’auteurs de bandes dessinés semblent l’avoir reçue pour leur propre compte, et je ne jurerais pas que le plaisir qu’éprouvent leurs lecteurs ne comporte pas, lui aussi, une dimension régressive. Mais, dans le fond, ce que la BD conserve de l’enfance n’a rien d’un péché ou d’une tare: c’est ni plus ni moins que la liberté d’imaginer et de s’emerveiller. La part de rêve, en somme. (Groensteen:2007;194)